Dossier Léhady Soglo: Les non-dits sur son congédiement

Dossier Léhady Soglo: Les non-dits sur son congédiement du poste de maire de Cotonou

 Depuis le mercredi 2 août 2017, le conseil des ministres a décidé de congédier Léhady Soglo de son poste de maire de Cotonou ne lui accordant même pas le sursis des deux mois de suspension dont il a écopé le vendredi 28 juillet. La vitesse éclair à laquelle les épisodes de sa déchéance ont été actés laisse planer des zones d’ombre, des non-dits.

A nouveau régime politique, nouvelles stratégies d’occupation des espaces politiques, administratifs et territoriaux pour se faciliter une gouvernance apaisée. Si évidemment l’opposition ne passe entre les fissures laissées pour discuter le leadership avec les nouveaux maîtres. Athanase Guillaume Patrice Talon est le nouveau maître des lieux depuis le 20 mars 2016. Après quelques mois de rodage, le voilà en train de prendre du poil de la bête. Habillement entouré et conseillé par des conseillers techniques au point, il a compris que le pouvoir politique se conquiert par la base même quand on est au sommet. Sinon, bonjour les dégâts. Après s’être offert une majorité de 60 députés  à l’Assemblée des augustes élus du peuple, il lui fallait s’assurer la conquête de l’administration territoriale. Et commence la conquête en trois actes.

Impérative conquête des  trois communes à statut particulier

Porto-Novo, Parakou et Cotonou sont les trois communes à statut particulier que compte le Bénin. Et leur conquête est une priorité pour le pouvoir central. En cela, la commune de Porto-Novo ne pose pas de problème puisque, Emmanuel Zossou qui en est le maire est un proche de la marmite. Il est membre influent du PRD, parti de Me Adrien, le président de l’Assemblée nationale, un soutien inconditionnel du pouvoir actuel. Quant à Parakou, suite à une série de mésintelligences, Souradjou Karimou Adamou, maire FCBE de Parakou élu en 2015 est débarqué de son fauteuil. Il est remplacé à la tête de cette commune à statut particulier par Charles Toko, un des fidèles artisans de l’élection de Patrice Talon. Juste récompense en sorte ! Et de deux. Restait alors la plus grosse et importante commune à statut particulier : Cotonou. La conquête de ce bastion aux mains de l’opposition est réalisée en moins d’une semaine avec il faut l’avouer, une stratégie chirurgicale impliquant directement la hiérarchie préfectorale, ministérielle et gouvernementale. Une armada invincible à laquelle ne pourra pas hélas résister Léhady Soglo. La succession échoit désormais à Isidore Gnonlonfoun, le premier adjoint à l’ancien maire révoqué le temps que le nouveau maire de Cotonou soit connu. Comme on le voit, les trois communes à statut particulier sont désormais sous la coupe « rupturienne ».  C’est l’acte I.

La main libre pour faire aboutir le Grand Nokoué

Avec la prise de la « Bastille » qu’est Cotonou, plus rien n’arrêtera désormais la mise en œuvre du projet du Grand Nokoué. La résistance à ce projet étant définitivement vaincue. A rappeler que ce projet est  basé sur un partenariat entre les communes ciblées que sont  Cotonou, Abomey-Calavi, Sèmè-Podji, Ouidah et Porto-Novo et l’Etat.  Aujourd’hui, le gouvernement peut se frotter les mains puisque contrôlant à 100% toutes les cinq communes depuis que les maires gêneurs que sont Sévérin Adjovi de Ouida et Léhady Soglo de Cotonou ont été débarqués. Quant à Georges Bada d’Abomey-Calavi de la RB, il fait partie des frondeurs, une aile favorable au pouvoir. Porto-Novo et Sèmè-Podji sont des bastions PRD de Me Adien Houngbédji.  C’est l’acte II  

Contrôler les grandes villes du Bénin

Les alliances et allégeances au nouveau pouvoir se font au jour le jour et sans crier gare. A défaut de ne pouvoir mettre sous sa botte les 77 communes du Bénin, des communes clé comme Cotonou, Ouidah et Parakou et dans une moindre mesure Allada, Bohicon et peut-être bien Abomey se trouvent dans le viseur du pouvoir. Le sort de ces communes est scellé et si le maire d’Allada ne se ravise pas, il sera d’une manière ou d’une autre débarqué lui aussi. Quant à Bohicon, son maire est un RB frondeur donc aussi proche du pouvoir. La toile de la gouvernance locale s’établit et s’infiltre en profondeur dans tout le Bénin. L’opposition a-t-elle des chances de faire une place au soleil avec le rouleau compresseur qui se met en place ? L’acte III de la conquête de la conquête du pouvoir territoriale apporte des clarifications sur les visées du pouvoir rupturien mais sonne surtout comme le signal à tous ces « cheftons » qui ne veulent pas fléchir le genou qu’ils ont le temps de vite réfléchir avant leur obligatoire inflexion ou déchéance par la ruse, par la rage, par les mésintelligences.

S. P